vendredi 30 novembre 2012

HAMHDAD (51)





Ce malade est d'origine Nord-Africaine, pouvant être âgé de 37 à 40 ans. Il est de petite taille, porte un collier de barbe et son regard est tantôt interrogateur, tantôt amusé.

Il n'a et ne recherche pas de contact avec les autres malades, à part quelques uns de ses coreligionnaires, avec qui il entame de longues discussions dans sa langue d'origine et pourtant il cause bien le Français.
Chaque jour, il ne manque pas de faire sa prière dans les lavabos et ne s'occupe pas des autres malades qui le regardent et même parfois se moquent de lui quand il se prosterne.
Il s'occupe au vestiaire mais en ce moment ne s'alimente que le soir car pour lui c'est le Carême.      
      
24 mars 1962

Source image : Virginie Rooses 

 

jeudi 29 novembre 2012

CAPRON (49)






Il est âgé d'environ 30 à 35 ans, de grande taille, assez gros, son regard semble rêveur.

Il s'occupe un peu au nettoyage de la salle mais pour cela il faut le priver momentanément de ses cigarettes car il fume énormément. Parfois il nous appelle infirmier ou gardien et demande sa sortie, qu'il n'a rien fait pour être ici, «qu'on lui fait toujours des électrophones, que ça lui fait mal». Il passe ses journées allongé sur plusieurs chaises et de temps en temps se lève et fait le tour de la salle, plusieurs fois à une allure décidée, va se voir dans la glace et nous dit que «sa figure est drôle, c'est la faute des électrophones».
Sa tenue corporelle est propre mais la vestimentaire est passable.    
      
21 mars 1962

Source image : Rêves dans la nuit noire 

 

DELABY (48)







Ce malade est âgé d'une soixantaine d'années, il a un faciès assez particulier, a le nez écrasé, le crâne presque chauve, les oreilles en «chou-fleur». Au milieu de son front, on remarque une ancienne cicatrice faisant une tache bleue.

Il fait sa toilette tous les matins mais oublie souvent le savon et ce doit être pour cela que son visage luit beaucoup. Pour sa tenue vestimentaire, il est très peu soigneux et au repas, lave souvent ses aliments dessus.
Il est calme dans le service et fait tous les travaux qu'on lui commande, mais, sitôt qu'un autre malade lui signifie qu'il va mourir ou prononce le nom de «Marquette», il rentre dans une violente colère, saisit ce qui se trouve à portée de sa main mais ne frappe jamais avec. Souvent il vient se plaindre à nous qu'untel l'embête et aussitôt déclare «qu'il s'en moque, que demain, il aura sa sortie» et tous les jours, il déclare la même chose.
Il est obéissant et mis à part ses colères qui sont provoquées par les autres malades, il est calme.
Il prend ses médicaments sans jamais faire de difficultés.   
      
1er mars 1962

Source image : Huffington.fr 

 

BRACHET André (47)


(Guy Mollet, ancien ministre de De Gaulle et maire d'Arras, en 1962)






Ce malade qui parait âgé de 50 à 55 ans, prétend avoir 63 ans.

On le trouve souvent à discourir et son langage est recherché.
Quand on l'interroge sur sa vie passée, il déclare qu'il est déjà mort plusieurs fois, soit empoisonné, soit fusillé. Il écrit souvent des lettres à certains ministres, notamment à monsieur Guy Mollet et comme il n'a pas de réponse, il accuse l'établissement de détourner son courrier.
On le voit souvent en compagnie de jeunes malades envers qui il a des attitudes de mère. Il y a quelques jours, on l'a surpris en train de masturber un de ces jeunes. Il a expliqué ce fait en déclarant que «c'était pour faire plaisir à ce jeune garçon qui le lui avait demandé».
Sa tenue corporelle est très stricte et il est très élégant dans sa tenue vestimentaire ; on peut même dire qu'il est coquet.
D'après ses dire, il fournit un travail considérable à la lingerie, à croire que sans lui le vestiaire aurait beaucoup de mal à approvisionner les nombreux services de l'hôpital.
Pour sa médication, il ne fait jamais de réticences, au contraire, il la réclame et demande si on n'a pas oublié tel ou tel médicament qui lui est bénéfique.   
      
26 février 1962

Source image : INA 

 

GUINARD (46)









Ce malade est âgé de 55 ans environ, de tenue correcte.

A certains moments, il reste prostré dans un coin sans parler ni bouger. A d'autres moments, il se met à parler très fort à une personne imaginaire et, à ce moment, il parait se défendre car ses paroles, sont sur un ton très énervé, accompagnées de grossièretés. On l'entend souvent crier «Laissez-moi, je n'ai rien fait», «Foutez-moi la paix».
Il est très propre dans sa tenue et également sur lui-même.
Il s'occupe au dortoir du service et fait son travail correctement. Il mange beaucoup de friandises et c'est peut-être ce qui explique qu'il ne mange pas souvent à table.
      
25 février 1962

Source image : L'Express

 

LAUSSON (38)









Malade de 60 à 65 ans, au visage petit et vieilli, au regard vague, son visage porte énormément de rides.
Quand il est au service, il est souvent dans la cour et il se dispute avec un personnage imaginaire, montrant les poings et proférant des menaces. Si on l'interroge à ce moment-là, il déclare qu'on ne doit pas s'inquiéter, que ce n'est rien, que c'est son ami qui vient «l'ennuyer».
Il n'est pas très propre dans sa tenue mais c'est son occupation à la bricole qui le veut car c'est toujours du ciment qu'il a sur ses vêtements.
Il est très correct avec le personnel et aussi discipliné, mais il n'a aucun rapport avec les autres malades, il semble vivre seul.   
15 février 1962

Source image : L'Express

 

SZANDZICK Stanislas (25)


(Raymond Depardon - Hôpital psychiatrique Frioul, Trieste, Italie, 1979)







C'est un vieillard aux cheveux blancs, au regard vif.
Il ne sort pratiquement plus de sa chambre où il est soit couché soit assis dans un transat.
Par moment, il est calme mais sitôt qu'on le touche, il se met à crier en polonais et alors, il crie ainsi pendant 1/2 heure ou 1 heure.
Il faut toujours qu'il s'agrippe à quelque chose et de ce fait, il défait sans cesse son lit, ou si on est près de lui, il s'accroche à nos vêtements.
Quand on lui parle, il ne semble pas s'intéresser à nos paroles, son regard exprime une pensée plus lointaine mais en lui parlant doucement et pendant un moment, soit qu'il s'énerve soit qu'il nous caresse les mains en faisant comprendre qu'on est bon avec lui.                
  
31 janvier 1962

Source image : Raymond Depardon

 

mercredi 28 novembre 2012

PAWLOWSKI Ignace (22)


(Un infirmier au travail près d'un malade vers 1960)




C'est un malade d'origine allemande ou polonaise âgé d'une cinquantaine d'années ou plus.
Quand on veut lui parler, il prononce des mots incompréhensibles et frotte ses doigts sur le bord de la table ou sur sa charrette où il est toute la journée car il a une jambe paralysée.
Quand on lui fait ses piqûres parfois il nous repousse la main ou donne des coups de poings et à ce moment, il sourit.
Il ne mange pas beaucoup, si on veut le forcer, il nous tend l'assiette et la fourchette pour nous faire comprendre qu'on doit le manger nous-mêmes.
Il n'est pas propre sur lui-même et il crache un peu partout, sur son lit, sur lui-même ou sur le sol.

28 janvier 1962

Source image : M. Jansens

 

PINCHON (19)






Âgé d'une cinquantaine d'années, c'est un homme qui est sourd-muet et aveugle, au visage extrêmement ridé.

Il s'énerve sitôt que l'on ne fait pas ses désirs et souvent croit se venger en renversant sans sa chambre son pot ou son urinal.
Parfois il frappe quand on veut le coucher ou le faire lever et même quand on vient lui faire une piqûre.
Dans ses périodes calmes, il fait comprendre qu'il doit faire ses besoins et ses signes sont assez précis pour que l'on comprenne.
En dehors de ces périodes il est incontinent et on ne saurait dire si oui ou non c'est volontaire.             
  
25 janvier 1962

Source image : La Vie

 

MAYEUR Séraphin (11)

(Tiroir à médicaments à Lommelet)






Il est âgé de 50 ans ; malade très gros, se déplaçant doucement jambes écartées à cause de ses testicules qui sont atrophiés par une hernie. Quand il respire, il gonfle ses joues pour souffler. Il a des yeux à la fois rieurs et hébétés.
Quand il parle, il faut bien tendre l'oreille pour comprendre ce qu'il dit car il s'exprime entre ses dents et en patois.
Il parle souvent des gendarmes de St Pol qui vont venir le chercher, que l'hospice de St Pol est là en face.
Parfois, quand on lui donne ses médicaments, il jette son gobelet à terre avec son contenu et nous regarde pour voir nos réactions, semble-t-il.
Il ne travaille pas dans le service et passe sa journée assis dans un coin à parler seul par moment.
Il n'est très propre dans sa tenue. 
  
16 janvier 1962

Source image : Virginie Rooses 

 

COELHO DE BARROS JOAQUIM (10)

(Un des couloirs de Lommelet)






C'est un malade d'origine portugaise parlant mal le français mais arrivant quand même à expliquer ses désirs, il est âgé d'environ 60 ans. Il oublie vite ce qui s'est passé, où se trouve sa chambre.
A présent, il arrive à marcher en se tenant aux lits mais sitôt qu'il ne se tient plus, ses jambes ne le portent pas.
S'intéresse à tout ce qui se passe dans le service et s'inquiète que certains malades sont habillés alors que lui est en pyjama et il réclame souvent un pantalon comme les autres.
Quand il est dans sa chambre, il n'arrête pas de la journée, il bouge tous les meubles et les remet en place ensuite.
  
13 janvier 1962

Source image : Virginie Rooses 

 

DANEL René (9)


(La cour intérieure de l'hôpital de Lommelet vers 1960)






C'est un jeune malade de 20 à 25 ans, au visage mince, portant une cicatrice au front.
Il semble continuellement en pleine sudation.
Il est secoué de tics des bras et des jambes qui se produisent à peu près toutes les minutes, et parfois même il crie en même temps que surviennent ces tics.
Il voudrait bien s'occuper dans le service, mais il ne peut malheureusement pas à cause de son état ; malgré, il aide un peu les travailleurs qui s'occupent du linge sale.
Quand on lui donne un nouveau traitement, il s'inquiète de savoir ce que c'est et pourquoi on lui fait telle ou telle piqûre ou tel nouveaux médicaments.
12 janvier 1962

Source image : M. Jansens

 

AUDEVAL Désiré (8)


 (L'entrée principale de l'hôpital de Lommelet vers 1960 à Saint-André-lez-Lille, 59)






Il est âgé et doit avoir environ 70 ans et pourtant quand il parle il a un air enfantin ; il a les cheveux blancs, un regard rieur qui cherche souvent à comprendre ce qui se passe. Il porte son casque qui le protège dans ses chutes, mais quand il a envie seulement, car il est très têtu et quand il ne veut pas le mettre on peut lui mettre 20 fois dans la matinée, il l'enlèvera à chaque fois. Quelquefois il est assis dans un coin et il se met à chanter de vieilles chansons de son temps.
Il lui arrive souvent de saigner du nez et alors ces jours-là, il reste couché de lui-même.
A table, il ne veut pas boire la boisson qu'il appelle de la bière et il ne boit que de l'eau.
11 janvier 1962

Source image : M. Jansens